#85 Lecture – Un amour au long cours

Hello les girafons !

Grâce à la Masse Critique de Babelio, j’ai pu recevoir un livre: mais cette fois-ci ma seule critique ne suffisait pas. Il fallait faire participer son conjoint à cette lecture, afin d’avoir une critiques écrites à quatre mains. Merci aux éditions Anne Carrière et à Babelio pour cette chouette expérience !

HONGRE Jean-Sébastien, Un amour au long cours. Editions Anne carrière, 2017. 194 pages

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  • Résumé (4ème de couverture):

Existe-t-il une formule magique pour qu’un couple résiste au temps qui passe, à la pression du quotidien ? Anaïs et Franck y croient, ils ont décidé de tenir bon contre vents et marée. Au fil des années, ils ont mis au point des astuces, forgé des règles de vie qu’ils ont écrites et affichées sur leur frigidaire. Ainsi est née la  » Constitution du couple  » qu’ils ont établie pour se guider et se soutenir de jour en jour. Grâce à elles, ils ont pu traverser les grandes étapes de ce voyage qu’est toute vie conjugale: la naissance et l’éducation de leurs enfants (avec ce que cela a remué en eux de leur propre passé), les relations avec la belle-famille, une activité professionnelle chronophage, l’érosion du désir et des sentiments, la tentation de l’infidélité… Leurs filles devenues grandes, Anaïs et Franck revisitent les moments clés de ce combat commun, se découvrent des zones d’ombre et engagent un dialogue risqué. Ont-ils réussi leur pari ? L’amour peut-il réellement se décider ? Suffit-il de rester ensemble pour qu’il perdure ?

  • Mon avis :     15/20

Je dois d’abord mettre en garde, car je pense que le résumé m’a trompé: je m’attendais à ce que l’auteur partage une réelle expérience de vie, qu’il fasse une sorte de bilan sur sa vie de couple et nous montre quelles leçons en retenir. Mais il n’en est rien. Tout est romancé, les personnages qui s’échangent des lettres n’ont donc jamais existé. Et ce fut là ma première déception. Ils vont revenir sur leur vie de couple et leur vie de famille, sur les articles qui ont fondé leur Constitution. Les articles sont une très bonne idée: le couple va s’appuyer dessus pour éduquer leurs filles et survivre. Mais en revanche, de très nombreux choix de vie m’ont dérangée: en effet, le couple cloisonne les tâches à une seule et même personne, l’autre n’ayant plus le droit de donner son avis: par exemple, il y a le ministère du tourisme géré par Anaïs, Franck n’a donc plus son mot à dire là dessus. Et pour moi, il s’agit là d’une conduite d’évitement: en effet il est certain que si le sujet n’est pas abordé, ils ne risquent pas d’avoir de dispute. Mais est-ce bien sain pour un couple que l’autre ne puisse pas exprimer ses envies sur un sujet ? Je ne pense pas. L’auteur ne met, à mon goût, pas assez l’accent sur la communication, qui est pour moi le point le plus important pour la réussite d’un couple. S’il existe une formule magique pour la durabilité d’un couple, l’auteur ne m’a pas donné la réponse.

Au niveau de la forme, l’échange de lettres rend le roman dynamique, ce qui permet de le lire très vite. La plume est fluide et il y a de très jolies réflexions sur la vie de couple et la vie de famille. Et même si l’on n’est pas d’accord avec ce que raconte l’auteur, c’est un livre qui amène à réfléchir et à débattre.

  • L’avis de mon mari:

Existe-t-il une formule magique pour qu’un couple résiste au temps qui passe ? C’est donc la question que se pose l’auteur dans cet ouvrage. Question rhétorique s’il en est puisque posée selon un plurium interrogationum du plus bel effet : si les couples résistent, la raison sera de l’ordre du surnaturel, du magique. Soit, acceptons, du moins temporairement, ce prémisse et les autres égrenés tout au long du résumé, et plongeons nous dans l’histoire. L’histoire, oui, puisqu’il s’agit d’un roman, et non d’un essai philosophique, ni de la retranscription fidèle d’un témoignage de couple.

Le sujet reste néanmoins intéressant et la présentation de l’histoire sous forme d’un dialogue par articles de blog interposés, à la manière d’un match de ping-pong, donne au roman un rythme agréable à lire. Nous voyons d’emblée ce couple à l’existence aisée, au terme de plusieurs années de vie commune avec tout ce que cela implique comme évènements positifs et négatifs. L’utilisation d’un support informatique par les deux protagonistes pour communiquer et faire leurs rétrospectives est une bonne idée, déjà éprouvée d’ailleurs dans certaines psychothérapies pour sa capacité à permettre la prise de recul sur une situation ou un état émotionnel donné. La contrepartie est un discours parfois trop mécanique, trop dichotomique, bref pas assez humain. Mais après tout, rappelons-le, il ne s’agit pas d’un vrai témoignage mais de la vision d’un auteur, partagé en deux personnages.

L’analogie du couple et de la vie d’un État ou d’une Nation est au cœur de ce roman. Cette approche a son originalité pour mettre en exergue les idées fortes de l’auteur sur les raisons pouvant mener un couple à durer. Comparer le couple à un microcosme, une sorte de micro-état insulaire est une bonne idée, qui mériterait d’être approfondie au-delà du simple aspect constitutionnel.

Étonnamment, puisque loin du sujet de ce roman, on sent poindre par moments une certaine aversion du système médical français. Le point d’orgue étant le diagnostic médical posé par une des filles, non médecin, sous couvert d’esprit scientifique. Mais est-ce vraiment çà, la science ? Et d’ailleurs, est-ce vraiment utile à l’histoire ? S’agit-il d’une critique masquée mais néanmoins volontaire de la part de l’auteur ? Impossible à dire à la simple lecture.

Pour conclure, « un amour au long cours » est à prendre pour ce qu’il est vraiment, et non pour ce que le résumé voudrait nous faire croire. C’est-à-dire un roman, et non « un livre dans lequel tout le monde pourra se reconnaître (…) et qui pourrait s’avérer utile » telle une fresque de la société et de l’amour du XXIe siècle. Oui, j’ai apprécié la lecture de ce vrai-faux témoignage de couple, parfois touchant, mais toujours rythmée et bien écrit. Non, je ne me reconnais pas dans cette histoire, car il ne s’agit pas là de l’expérience d’un homme et d’une femme qui est contée et analysée rétrospectivement, mais surtout objectivement ou philosophiquement pour en tirer des règles, une Constitution. Mais au contraire de deux personnages, décrits par un seul auteur, et dont les actions sont expliquées avec un parti pris sur l’amour, la société, la vie de couple. Le lecteur doit donc doit accepter les prémisses pour pouvoir s’inclure dans l’histoire.

  • Citations:

« Ce n’était pas la passion qui nous animait mais un sentiment bien moins éphémère: l’envie de construire notre destin, de mener un long et unique voyage. »

« Nos esprits se sont concentrés sur les difficultés, alors qu’il serait juste d’écrire à un moment ou un autre que, somme toute, nous avons été heureux. Oui, heureux. »

 

A très bientôt,

 

Little Meggy

 

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